Fricassée al suve di t'chminée

ne pauvre "vieille jeune fille" qui n'avait jamais compris pourquoi le ciel lui avait refusé "one coviètepo mett' su's pot" aimait beaucoup la société, surtout la jeunesse. Dame! elle en faisait toujours partie, malgré ses soixante ans passés! Et les jeunes le savaient qui, "al dicausse" quand ils n'avaient plus de sous, refluaient vers cette maison accueillante. "Eh! l'Angèle, d'jaurins bin one petite gotte? Et one fricassée?". Ah oui, bien sûr, ils allaient avoir ça et tout de suite. Mon Dju todi! Abie, les œufs, le lard! Il se fait que ces aimables vauriens avaient laissé deux vigies dehors et quand l'Angèle vida les œufs dans la poêle, il y eut un sifflement derrière la fenêtre et dans la cheminée une dégringolade de tous les diables. L'Angèle se retrouva rouge de honte, la poêle à la main, mais le rouge ne se voyait pas, tellement elle était noire des pieds à la tête; de plus, la poêle qu'elle tenait ressemblait plus à un bac à cendres qu'à un embryon d'omelette. Les "deux ramoneurs" rentrés s'inquiétèrent de savoir "quand c'qu'on va sopè?".
Elle aveuv co bin des porettes, préparées po l'sope di d'moin, mais est-ce qui alleuv ça ? Enfin, les laissant à leur joie et à la bouteille, débarbouillée à moitié, elle fabriqua une fricassée pas ordinaire.